Systèmes d’eaux usées : le cas de la Rome antique


La gestion des eaux usées est une pratique qui remonte à plusieurs millénaires, et qui a évolué et s’est améliorée au fil de l’histoire humaine. À titre d’illustration, les Étrusques ont mis au point des systèmes de canaux pour collecter différents flux d’eau, et les Romains ont ensuite assimilé ces techniques, les ont améliorées et adaptées à leurs besoins. Les premiers égouts de la Rome antique ont été construits par Tarquin le Superbe vers le septième siècle avant J.-C. Ils consistaient en un système de canaux à ciel ouvert qui drainaient les eaux provenant des marais au fond des vallées des sept collines (inhabitables à l’époque) et les convoyaient vers le Tibre. Ces systèmes de drainage ont évolué lentement et les Romains ont finalement construit un système complexe d’égouts couverts de pierres, semblable aux drains modernes. L’échappement des latrines était envoyé dans l’égout principal et ensuite, par le biais d’un canal central, dans la rivière ou le ruisseau le plus proche. Le segment le plus avancé du système d’égouts romain a été la Cloaca Maxima, le plus grand des différents collecteurs d’eaux usées couverts. Construit à l’origine comme un canal d’eau douce, il a été transformé vers les IIe et Ier siècles avant J.-C. en un tunnel souterrain monumental avec murs de tuf et voûtes. Connu comme étant le plus grand égout (traduction littérale de son nom) de Rome, la Cloaca Maxima est un chef-d’œuvre d’ingénierie hydraulique et d’architecture. Il s’agit de l’un des plus impressionnants ouvrages d’art consacrés à l’assainissement dans le monde antique, qui a assuré le drainage nécessaire à la création du Forum Romain et qui est devenu la pièce centrale d’un réseau d’assainissement qui fournissait les services d’hygiène aux collines autour de Rome. Une gravure de Piranesi montre le collecteur, sous son visage de 1778, où les eaux usées étaient déversées dans le Tibre près du Ponte Palatino. Cependant, ce processus a finalement conduit à une forte pollution du Tibre, créant un grave problème pour les Romains qui utilisaient l’eau de ce fleuve comme eau de boisson, de cuisson, de vaisselle et autres. Décharger les égouts en aval de la ville n’était pas suffisant pour garantir la bonne qualité de l’eau en amont. En outre, parce que le réseau de drainage transportait les eaux d’égout et les eaux de ruissellement urbain (c’est-à-dire un « réseau unitaire d’égouts»), des reflux provenant des grandes ouvertures le long des rues survenaient souvent pendant les épisodes de fortes précipitations, exposant ainsi les Romains aux eaux d’égout à l’état brut. Pour drainer les eaux pluvieuses des rues vers la Cloaca, les Romains ont construit des drains circulaires spéciaux ayant la forme de grands masques, représentant les dieux du fleuve qui avalent les eaux (la célèbre Bouche de la Vérité en faisait probablement partie). Une autre caractéristique particulière du réseau d’égouts romain était la redevance requise pour utiliser les latrines publiques ou pour la location de pots de chambres, ce qui en faisait l’un des premiers exemples historiques de l’approche utilisateur-payeur dans les services d’assainissement. Une étude de la Cloaca Maxima et d’autres égouts réalisée en 1889 a entraîné la restauration des parties qui pouvaient être reliées au réseau d’égouts « moderne » et utilisées dans un projet dont la ville de Rome continue de bénéficier aujourd’hui.


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