L’Union bancaire, un approfondissement majeur de l’Union économique et monétaire


L’Union bancaire est l’une des réponses à la double crise – financière et souveraine – qui a révélé à partir de 2010 les insuffisances de l’architecture actuelle de la zone euro À partir de 2010, la zone euro s’est trouvée confrontée à une double crise, bancaire et souveraine. Maillons essentiels du financement de l’économie dans l’Union européenne, les banques ont été affectées par l’incertitude sur l’étendue des retombées de la crise des subprimes aux États-Unis. Celle-ci a en effet entraîné un gel du marché interbancaire européen, indispensable dans le refinancement à court terme des banques. Certains systèmes bancaires ont ainsi connu une dégradation rapide de la qualité de leurs actifs, avec l’éclatement de bulles immobilières (Irlande, Espagne). Pour enrayer la défiance des investisseurs vis-à-vis des banques européennes, les États sont intervenus dans l’urgence et de manière parfois non coordonnée, pour stabiliser leurs secteurs bancaires, avec un coût très élevé pour les finances publiques de plusieurs États (Royaume-Uni, Allemagne, Irlande, Espagne notamment). Certains États, dont l’endettement a rapidement augmenté à un moment où les économies européennes étaient en bas de cycle et où les besoins de financement avaient déjà augmenté à la suite des politiques de relance conduites à partir de 2008-2009, ont alors été fragilisés. Cela a eu pour conséquence la dégradation de la valeur des portefeuilles de titres souverains dans les bilans des banques, illustrant ainsi la rétroaction négative entre crise bancaire et crise souveraine. Les deux crises se sont ainsi renforcées mutuellement avec une contagion généralisée à partir de l’automne 2011 et un élargissement des « spreads » des taux des souverains européens par rapport au taux allemand. L’ampleur de la crise de la zone euro s’explique pour partie par le caractère incomplet de l’architecture de l’UEM. En particulier, la crise a révélé que l’intégration financière de la zone euro était partielle et fragile. En effet, si le marché interbancaire, sur lequel ont lieu en majorité des transactions de courte maturité entre les banques, a été rapidement unifié à l’échelle de la zone, les détentions croisées d’actifs entre pays et le crédit bancaire transfrontalier se sont peu développées. Le faible niveau des taux d’intérêt, la disparition du risque de change et la croyance dans la convergence spontanée des économies périphériques vers celles du cœur de la zone euro ont par ailleurs réduit l’attention des marchés sur le développement d’importants déséquilibres macroéconomiques (notamment sur le marché immobilier, par exemple en Espagne et en Irlande), reflétés par des déficits courants importants. Dans une large mesure, ces déficits ont été financés par des capitaux de court terme provenant du cœur de la zone euro (plutôt sous forme de dette que de capital), sans que n’émergent des groupes bancaires transfrontaliers intégrés. Lorsque la crise financière s’est déclenchée, les déséquilibres courants des pays périphériques ont cessé d’apparaître comme le corollaire naturel du processus de rattrapage de ces économies, mais comme le signe d’une allocation non soutenable de l’épargne entre le cœur et la périphérie de la zone euro. Cela a conduit à un renversement brutal des flux de capitaux et une renationalisation des circuits de financement bancaire, alors même que les marchés de capitaux européens, insuffisamment développés, n’ont pas été en mesure d’amortir le choc.


No Comments, Comment or Ping